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Littérature au Bénin: L’abbé Aguénounon publie « Le pouvoir du déni : chronique d’une démocrature assumée »

L'abbé Aguénounon publienun ouvrage sur le pouvoir du déni
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Philosophe politique, écrivain essayiste, analyste, chroniqueur politique, l’abbé Arnaud Éric Aguénounon, Directeur de l’Institut des artisans, de justice et de paix du Chant d’oiseau de Cotonou, publie un nouvel ouvrage. Dans l’après-midi du samedi 21 septembre 2024, à l’Iajp/Co, l’œuvre littéraire intitulée « Le pouvoir du déni : chronique d’une démocrature assumée » a été présentée à un parterre d’invités dont des acteurs politiques béninois de tous bords, puis dans un second temps, en conférence de presse, aux professionnels des médias.

 

Paru aux éditions Les impliqués à Paris en cette année 2024 et préfacé par Francis Lalèyè, « l’ouvrage est le condensé de douze réflexions écrites en temps réel, au fil des événements sociopolitiques, entre 2016 et 2021, encadrées par des propos introductifs et conclusifs ; le tout en 129 pages, accompagnées d’une bibliographie.», a décrit Dr Expédit Ologou, qui en a assuré la présentation. En trempant sa plume dans l’encrier pour mettre sur le marché du livre « Le pouvoir du déni : chronique d’une démocrature assumée », l’abbé Arnaud Éric Aguénounon, dans un devoir de mémoire teinté de dénonciations, revient sur certaines libertés fondamentales acquises à la faveur du renouveau démocratique au Bénin, dans les années 90, mais dont certaines sont aujourd’hui arrachées par le pouvoir de la Rupture avec à la clé des élections organisées sur fond de tensions, de morts d’hommes, d’emprisonnements ; tout ceci contre le développement d’infrastructures qu’on demande au peuple d’applaudir. Le défectisme chronique des acteurs sociaux face à la situation reste également une préoccupation pour l’auteur.

Dans sa présentation, Dr Expédit Ologou cite quelques passages : « Qu’a-t-elle vraiment fait de mal, la démocratie ? », question de l’auteur inscrite à l’entame du livre ; « ces dernières années, on a l’impression que le citoyen ne compte pour rien. Ce régime des lois l’a relégué au dernier rang et lui a retiré, dans le concret, pratiquement toutes les libertés fondamentales universellement reconnues. […] Lactuel pouvoir a fermé toutes les portes citoyennes par lesquelles il est venu au pouvoir », page 95. En somme, pour M. Ologou, l’ouvrage de l’abbé Arnaud Éric Aguénounon est « un parti pris pour les plus pauvres et pour les droits de l’homme et pour l’Etat de droit démocratique ». Au présentateur de s’adresser ensuite à l’auteur : « Vous êtes, Monsieur l’abbé, un empêcheur de dormir en paix, un fauteur de trouble, un troubleur de sommeil. Vous tâchez à devenir comme un de vos illustres prédécesseurs que j’ai connu, qui avait l’esprit ferme, le style serré, court, vif, incisif et surtout parfois brutal de vérités. Vous tâchez à devenir l’abbé Alphonse Quenum, de vénéré mémoire, et vous méritez le même chef d’accusation dont les procureurs du Père Quenum le couvraient, il y a quelques années. Vous êtes Monsieur l’abbé, un réactionnaire , un subversif ». Expedit Ologou trouve, tout de même, une situation atténuante au Révérend Père Aguénounon quant à la responsabilité de l’élite. « Quand le temps sera venu, Monsieur l’abbé, en tout état de cause, il ne sera jamais dit de vous que vous avez été bouche bée face aux tribulations de votre peuple, indifférent au sort de votre communauté, de votre pays. Et quand ce temps sera venu, le jour mâtiné de quelques douleurs, la nuit bercée de quelque lueur, la chevelure grisonnante, quelques-uns d’entre nous, certains de nos neveux et peut être la mémoire collective dans nos bibliothèques se souviendront qu’il y eût parmi les plus courageux d’entre nous, quelqu’un qui oeuvra par l’esprit, la parole et la plume, pour que les pouvoirs qui nous gouvernent ne sombrent dans le pouvoir du déni et le mépris de la souffrance des humains qui fondent notre pays…».

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Appréciant à son tour le contenu du livre, le journaliste éditorialiste Arimi Choubadé, autour de la table officielle a laissé entendre : « quand vous écoutez les séquences, ce n’est pas son avis, il est dans les faits. Il a fait du journalisme ». Dans son diagnostic, Armi Choubadé pointe du doigt le défaut de formation des acteurs politiques dans la gestion de la cité. « Les politiques, on leur donne une charge, on ne les forme pas autant qu’ils sont… Les régimes passent, mais les choses se ressemblent. Ceux qui ont besoin de formation aujourd’hui, ce ne sont pas les militants, ce sont les ministres, le chef de l’Etat, les députés qui ne sont formés nulle part et tombent dans l’exercice du pouvoir… Au niveau des partis, on a des victimes qui, sans formation sont lancés dans l’arène pour gérer », déclare-t-il en exhortant les formations politiques à former ces acteurs sur le financement public qu’elles reçoivent. Aussi, a-t-il formulé la même demande à l’endroit de l’Iajp/Co.

« Je ne suis pas un opposant, je ne suis pas un mouvancier…»

Après « La frénésie du messianisme : Balises éthiques contre les lâchetés et massacres politiques » en 2017, « La soif du pouvoir : Regard éthique sur des manœuvres au Bénin » (2011 puis 2017), « Lumière sur les racines organiques des peurs au Bénin : Des peurs structurales »(2016), l’abbé Arnaud Éric Aguénounon se réjouit que ce nouveau livre « soit enfin publié après trois années de recul ». À ceux qui traiteraient cette œuvre littéraire de réquisitoire contre le régime en place au Bénin, l’auteur et Directeur de l’Iajp/Co répond : « Je ne suis pas un opposant, je ne suis pas un mouvancier, je suis un penseur, je suis un écrivain qui a beaucoup reçu et qui pense qu’il faut donner ce qu’il a reçu ». Le Père Aguénounon dit avoir été forgé par deux événements majeurs qui ont marqué et structuré sa vie. Le premier, c’est Monseigneur Isidore de Souza qui lui a transmis le germe de penseur engagé et d’écrivain alerte. Le second, ce sont ses parents, grâce à qui il a voyagé très tôt ; ce qui lui a ouvert l’esprit puisqu’il a fait l’expérience du Mali « sorti de la démocratie » dont les Maliens regardaient le Bénin comme un modèle de réussite en démocratie. En écrivant « Le pouvoir du déni : chronique d’une démocrature assumée » à la suite des précédentes publications, « je suis dans la tradition de mon écriture. Je ne me révèle pas aujourd’hui, parce que nous sommes à l’époque des révélations, mais je suis dans la continuité, dans la logique de mon écriture » conclut le Révérend Père Arnaud Éric Aguénounon, par ailleurs enseignant, formateur dans les Grands séminaires de Djimè et Ouidah, auteur de plusieurs chroniques publiées dans les journaux La Nation, La Nouvelle Tribune et La Croix du Bénin.

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