Le cri de cœur de Célestine Zanou:« Nous devons repenser notre modèle démocratique… Tous nos problèmes sont partis de là »

À la 22ème édition du symposium annuel de l’Institut des artisans de justice et de paix du chant d’oiseau (Iajp-co) de Cotonou, organisée les 22 et 23 novembre 2024, Célestine Zanou fait partie des panélistes qui ont animé le débat sur « Le trafic inter-Etat et le terrorisme dans la sous-région : un frein au développement et à la stabilité sécuritaire ? ». Le thème du symposium étant « Bonne gouvernance et lutte contre le terrorisme : responsabilité des acteurs nationaux « , la Géographe, Agroéconomiste et consultante internationale pointe du doigt la démocratie telle qu’elle se pratique en Afrique, comme la source des nombreux maux qui minent les pays sur le continent. Un changement de paradigme s’impose donc, selon elle.

<<L’Afrique est devenue le terrain d’expérimentation des modèles démocratiques qui sont étrangers à nos réalités socioculturelles. Tous nos problèmes sont partis de là>>, signale Célestine Zanou. En effet, pour l’ancienne Directrice de cabinet de feu président Général Mathieu Kérékou au Bénin, <<la démocratie telle qu’on nous l’a imposée depuis…, nest pas adaptée à nos réalités socio-culturelles>>. Selon son propos, la démocratie a des principes… C’est pourquoi, << sans trahir les libertés fondamentales, nous devons repenser notre modèle démocratique>>, propose-t-elle. <<La Suisse est une démocratie, vous voyez comment ça fonctionne ? La France est une démocratie. L’Allemagne est une démocratie, nous ne voyons jamais le président, on ne voit que le Chancelier. La Grande Bretagne est une démocratie avec sa Reine avant, son Roi aujourd’hui. Le Japon est appelé démocratie, le Portugal, la Belgique tout ça ce sont des démocraties. Les gens ont su adapter les principes à leur histoire et leurs réalités. Et ça fonctionne en Suisse depuis 700 ans>>, relève Célestine Zanou, ancienne candidate à la présidentielle béninoise et auteure du livre biographique « Convictions ». Elle précise par ailleurs qu’elle n’épouse pas non plus le fait que les militaires prennent le pouvoir par les armes et s’éternisent.

Des recettes de Célestine Zanou pour gérer la défaillance de l’État qui fait le lit au terrorisme

Comme recettes en matière de responsabilités de l’État pour éviter de faire le lit au terrorisme, l’ancienne Directrice de cabinet du feu président béninois, Mathieu Kérékou propose quatre types d’inclusion dont l’inclusion sociopolitique qui voudrait que l’État marque sa présence effective partout sur le territoire national et une justice sociale dans la gestion des hommes et des espaces. Deuxième, Célestine Zanou parle de l’inclusion financière et économique avec comme contenu, entre autres, un revenu d’existence physique que l’État doit décréter et octroyer en guise de soutien aux jeunes sortis des écoles, qui n’ont pas d’emplois. Elle fait savoir que dans d’autres pays, cela existe et permet à ces jeunes de s’entretenir en attendant d’avoir un emploi. Aussi, l’ancienne candidate à la présidentielle au Bénin insiste-t-elle pour que la population dans son entièreté puisse bénéficier d’un système de sécurité sociale. <<Si vous ne faites pas ça, ils sont des proies faciles>>, déclare-t-elle.

En troisième lieu, Célestine Zanou a abordé l’inclusion culturelle. <<Nous devons travailler à ce que les gens se sentent appartenir à la même terre. Vous pensez que dans ces régions où on ne sent pas l’État, ils se sentent Béninois ?>>, interroge-t-elle en invitant l’État à <<devenir partenaire>> des Ongs comme Caritas qui sont sur le terrain et font du social. <<Sinon le terrorisme va gagner du terrain dans nos États>>, indique Célestine Zanou. <<Ceux que vous appelez terroristes sont parfois des combattants de la liberté, des combattants de la survie. L’État doit prendre conscience de ses devoirs et savoir que quiconque est né ici et a la nationalité ici , a besoin de la protection de son pays partout où il se trouve. C’est ça qui rassure les gens et ils ne basculent pas dans le terrorisme ou dans le service d’autres qui les appellent pour manifester même contre leur propre pays>>, conclut la consultante internationale qui ajoute à tout cela l’éducation aux valeurs humaines.